Comment je suis devenue continente menstruelle…
Tout a commencé par l’écoute de mon cycle et la découverte des différentes phases, des différentes énergies qui me traversaient. Sentir les changements dans mon corps, mon humeur… A cette époque, j’avais arrêté la contraception hormonale et j’étais fascinée par toutes ces nouvelles sensations. Un nouveau monde s’ouvrait à mois. C’est en 2013 que cette révolution intérieure a commencé dans la joie et la curiosité. Je requestionnais ce qui m’avait été appris depuis petite, le rapport à mon corps, mon lien à la féminité, l’accueil de mon sang et de mes humeurs, la sexualité, le fatalisme qui entoure généralement les douleurs…
Durant l’été 2018, il faisait chaud et j’étais en congé chez moi. Tout à mon aise je faisais un peu de jardinage, un peu de lecture, je revoyais des amis… Aucune pression à l’horizon. Quand mes règles sont apparues, j’ai eu envie de sentir plus de liberté, j’ai eu besoin de retirer toute protection hygiénique interne ou externe. Ce jour là, je me suis autorisée à porter une jupe et aucune culotte ou protection. J’ai pris le risque de voir ce sang couler sur moi. Une sensation douce et heureuse de légèreté s’est installée. Et quelle surprise quand je me suis rendue compte que j’avais le temps de « courir » à la toilette pour que tout ne coule pas sur mes jambes. Quelle surprise aussi de réaliser que le sang ne coulait pas à flot tel un robinet qu’on aurait ouvert. C’était le début d’une longue aventure d’écoute encore plus intime de moi-même et de découverte du fonctionnement de mon corps.
Après cette première phase où j’ai appris à gérer les urgences, je me suis laissée surprendre par ma capacité à « entendre » quand ça commençait à couler. Les traces de sang sur mes jambes diminuaient alors au fur et à mesure que j’arrivais à devancer les moments d’écoulement. Lors de chaque cycle, j’explorais encore un peu plus cette nouvelle magie du corps. Je découvrais la continence menstruelle et comme un enfant qui apprend la continence urinaire, je me laissais le temps, je saluais les réussites. J’ai aussi commencé à en parler autour de moi, révéler ces merveilles à d’autres femmes et hommes. J’avais envie que toutes les femmes puissent essayer cela et se libérer, si elles le souhaitaient, du poids de toujours devoir porter des protections hygiéniques en tout genre. J’avais envie que tous les hommes prennent conscience de notre vécu de femme et du pouvoir merveilleux du corps humain.
Ce début d’exploration, s’est effectué principalement les jours de congés, les moments chez moi où le calme et la détente étaient présents. Parfois j’osais partir faire la balade de mon chien et « prendre le risque » de voir ce sang couler pour me rendre compte que rien ne se passait. Sans que je doive y penser, mon corps avait la capacité d’attendre les 30minutes-1heure de balade avant de laisser couler le sang à la toilette. Révélation, mon corps développait une nouvelle forme d’intelligence sans que je doive en être consciente. La confiance en moi et en mon corps grandissant, j’ai commencé à tester cela au travail. Cette fois-ci avec une petite culotte et un pantalon. C’était un petit pari avec moi-même, un jeu que j’avais envie de jouer.
Ce jeu a été une nouvelle source d’émerveillement. Non seulement, il m’était possible d’être continente menstruelle au travail mais en plus, l’écoute de mon propre corps grandissait. A cette époque-là, je travaillais comme ergothérapeute dans une institution pour personnes avec des handicaps physiques et mentaux. Mon quotidien était fait de nombreux mouvements, de soin à l’autre, d’activités, de rire, de gestion de crises… Et grâce à cette pratique de continence, j’ai commencé à ralentir pendant mes règles, à continuer de travailler et de prendre un temps différent pour répondre aux sollicitations, de ressentir les tiraillements et autres signaux dans mon corps tout en étant présente aux autres. J’ai également appris à écouter vraiment mes besoin d’uriner et y répondre, sachant qu’il s’agissait d’une fenêtre de libération de mon flux offerte par mon corps.
Les terrains de jeu se sont ensuite multipliés. Pendant un long voyage, à la mer, en faisant de la pole dance, pendant la nuit, pendant les rapports sexuels, en allant courir… Chaque nouvelle situation de mon quotidien devenait un lieu d’exploration où tous les résultats étaient les bienvenus. J’ai aussi appris à relativiser ces petites taches de sang possible qui pouvaient facilement être nettoyées. Accueillir la vie dans toutes ses facettes sans tenter de la contrôler à tout prix. Prendre du plaisir a été mon meilleur moteur dans cette aventure.
Après toutes ces explorations et l’intégration de ce nouveau mode de fonctionnement, un nom m’a été révélé par une copine, le « Flux Instinctif Libre » ou FIL pour les intimes. Je n’étais donc pas la seule à faire cela et quelqu’un lui avait donné un nom… Malgré que j’aime toujours parler de continence menstruelle, j’ai intégré ce nouveau vocabulaire à ma pratique et lorsque j’en parle autour de moi. Connaitre le nom couramment donné à cette pratique m’a permis d’aller chercher des informations sur le fonctionnement du corps féminin, des écoulements de sang, des muscles périnéaux… Compléter ce que je connaissais déjà via ma pratique de la naturopathie. Pourquoi et comment est-ce possible de maitriser les écoulements de sang est devenu la nouvelle question qu’il m’a plu d’aller explorer?
Chemin faisant, une certitude est apparue, toutes les femmes sont capable de pratiquer le Flux Instinctif Libre. Peut-être pas à 100% mais au moins en partie. Et toutes les femmes peuvent recevoir ce cadeau de mieux se connaitre et de s’offrir une écoute plus fine. Peut-être pas à chaque instant mais au moins de temps en temps.
Comment peux-tu te lancer dans l’aventure?
Car la version « sauvage » que j’ai pratiquée ne correspond peut-être pas à toutes les femmes, il existe d’autres méthode. En voici une pour commencer qui est basée sur l’écoute des sensations.
Commence par retirer toute protection hygiénique interne qui empêche de sentir l’écoulement. Si ce n’est pas encore le cas, porte une protection externe lavable. Lorsque la vulve est en contacte avec un tissu, le cerveau sort de cette sensation d’avoir une « couche » faite pour se laisser aller sans faire attention. S’enclenche alors de nouveaux mécanismes possible.
L’écoute des signaux sera le prochain petit pas. Quel est le moment où tu sens quelque chose d’humide? Est-ce que c’est déjà arrivé dans la protection? Est-ce que tu le sens un peu avant? Et si, quand tu le sens un peu avant, tu vas à la toilette, laisse le temps au corps pour que le sang s’y évacue.
Profite de chaque cycle pour affiner cette écoute et laisse la magie du temps et de l’intelligence du corps opérer.
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